Le diagnostic de gestation dans l’espèce bovine
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Le diagnostic de gestation dans l’espèce bovine
1.1. Les méthodes hormonales
L'identification d'un état de gestation est intimement liée à la physiologie de l'embryon et du placenta. L'embryon arrive 5 jours après la fécondation dans l'utérus. Au 7ème jour, la morula se creuse d'une cavité le blastocœle qui s'entoure d'une couche cellulaire possédant deux types de cellules. La couche périphérique donnera naissance au trophoblaste tandis qu'à un pôle du blastocyste va se différencier le disque embryonnaire qui donnera le foetus.
Vers le 10ème jour de la gestation, le blastocyste rompt par éclosion la membrane pellucide qui jusque là l'entourait. Cette étape est une des plus importantes du développement embryonnaire et du maintien de la gestation: elle a pour effet d'établir des relations directes d'ordre physique et physiologique entre l'embryon et sa mère. Elle doit chez la vache impérativement survenir avant le 15ème jour du cycle. C'est en effet à ce stade qu'en cas de non-fécondation , l'endomètre libère une prostaglandine responsable de la lyse du corps jaune, d'une chute de la progestéronémie et du retour en chaleurs de l'animal. En cas de fécondation par contre, le trophoblaste synthétise entre le 15ème et le 26ème jour de gestation une substance à effet anti-lutéolytique.
Une fois l'embryon éclos, le trophoblaste va par élongation envahir toute la corne ipsilatérale au corps jaune. Ce processus comprend les phases d'apposition (J17 à J21), d'adhésion (J18 à J23) et d'attachement (J19 à J30) du trophoblaste à l'endomètre. C'est au cours de cette période (J18-J19) que les cellules binucléées d'origine trophoblastique migrent dans l'épithélium utérin. Cette migration a pour objet d'immobiliser les deux épithéliums embryonnaires et maternels pour permettre le développement de microvillosités et la formation des cotylédons et caroncules (placentomes) à partir du 30ème jour de gestation.
Le rôle endocrinien du placenta est un des plus importants et des plus précoces. Le placenta peut être considéré comme une volumineuse glande endocrine source de stéroïdes et de protéines diverses, présentes pendant toute ou une partie de la gestation et possédant une activité hormonale ou autres encore mal définies.
Ainsi ont été identifiées des hormones stéroïdiennes (progestérone, œstrogènes), des prostaglandines, des gonadotrophines (bCG: bovine chorionic gonadotrophin), des hormones placentaires lactogènes ou somatomammotrophines chorioniques (bPL: bovine placental lactogen), des signaux embryonnaires précoces (EPF: Early Pregnancy Factor, trophoblastine), des protéines spécifiques de la gestation (PSPB: Pregnancy Specific Protein de type B ou PAG: Pregnancy Associated Glycoprotein). Bien que nombreuses, peu d’entre elles cependant ont connus une application pratique. Citons néanmoins la progestérone et la PAG ou PSPB.
1.1.1. La progestérone
L'identification du rôle indispensable de la progestérone dans le maintien de la gestation est connue depuis longtemps et a constitué une des premières méthodes de son diagnostic hormonal. Au cours de la gestation, l’origine de la progestérone varie selon les espèces. Un relais placentaire est observé chez la vache, la jument, la brebis et la femme respectivement 200, 70, 50 et 50 jours après la fécondation. Ce relais n’est pas observé chez la chatte, la chèvre, la truie ou la, chienne. Précisons également que chez la jument une synthèse complémentaire de progestérone est assurée par les corps jaunes secondaires.
Deux types de dosage sont actuellement utilisés: le dosage radio-immunologique (RIA) et l'ELISA (Enzyme Linked Immunosorbent Assay). Le premier nécessite l'utilisation de produits radioactifs ainsi qu'un personnel expérimenté et l'infrastructure d'un laboratoire. La mise au point de la seconde méthode a largement contribué à son utilisation en ferme ou au cabinet du vétérinaire. L'un et l'autre dosage peuvent être réalisés sur des prélèvements de lait (entier, écrémé ou crème) ou de sang. Le dosage radio-immunologique suppose néanmoins le respect de certaines conditions de prélèvement (Tableau 2).
La vache présente la particularité d’avoir une enzyme (5-alpha-réductase) qui dégrade rapidement la progestérone en un métabolite qui ne croise pas avec le RIA, très spécifique de la progestérone. Aussi, après 4 à 6 heures et à température ambiante, la taux de progestérone dans du sang prélevé sur tube sec est réduit de moitié. Cette dégradation est empêchée si on soustrait la progestérone à l’action des globules rouges. Le prélèvement peut donc être réalisé sur tube avec anti-coagulant puis centrifugé dans les minutes suivantes. Cette méthode n’étant pas toujours possible en ferme, le prélèvement est réalisé dans des tubes secs renfermant un inhibiteur de la dégradation de la progestérone : l’azide de sodium. L’addition de cette subtance à une concentration de 5mg/ml assure une conservation de 90 % de la progestérone après 4 jours. Bien que responsable d’une légère hémolyse, l’azide de sodium n’interfère pas avec le dosage ultérieur (Delahaut et al. Ann.Méd.Vét.,1979,123,567-572) . L’addition d’anticoagulant au tube renfermant de l’azide de sodium réduirait de 10 % la concentration en progestérone si la centrifugation n’est pas immédiate. On notera que chez la jument, la progestérone reste parfaitement stable pendant 24 heures. Chez la brebis, une chute de 35 % de la progestérone peut être observée au bout de 48 heures.
Dans les dosages ELISA, certains enzymes tels la peroxydase de radis ou la beta-galactosidase ou la phosphatase alcaline jouent le rôle dévolu aux radio-isotopes dans le RIA. Le principe de ce type de dosage est le suivant. La paroi du tube de réaction est recouverte d'un anticorps antiprogestérone. On notera que l'utilisation d'anticorps monoclonaux est de nature à augmenter la qualité du test. Après introduction du prélèvement, on ajoute une solution renfermant une quantité connue de progestérone liée à l'enzyme. Ce faisant, la progestérone du prélèvement entre en compétition avec la progestérone liée à l'enzyme au niveau des sites de fixation des anticorps tapissant la paroi du tube. La lecture au bout de quelques minutes du résultat de cette compétition de fixation permet d'identifier la proportion de progestérone de chaque origine. Ainsi, si la quantité de progestérone du prélèvement est élevée, les sites de fixation auront davantage fixés ce type de progestérone que celui lié à l'enzyme et inversement. Une fois la réaction réalisée, le tube est vidé et un révélateur est ajouté. L'intensité de la réaction colorée obtenue sera inversement proportionnelle à la quantité de progestérone présente dans l'échantillon. La comparaison des couleurs obtenues à celles d'échantillons standards ou leur lecture par un spectrophotomètre permet d'évaluer qualitativement ou quantitativement la concentration en progestérone de l'échantillon.
Les dosages ELISA et RIA de la progestérone sont plus aptes à détecter les animaux gestants (sensibilité: 97%) que non-gestants (spécificité 75 %). Le degré d'exactitude des diagnostics de gestation et de non gestation sont respectivement égal à 85 et 95 %. Ils dépendent de la qualité des prélèvements, de l'importance de la mortalité embryonnaire tardive, de la régularité des cycles mais aussi de la concentration minimale (cutoff value) prise en considération pour déclarer l’animal gestant (Ainsi, des valeurs comprises entre 1 et 3 ng/ml ont été rapportées (Darwash et al. Anim.Sci., 1999, 68, 33-347 ; Pennington et al. J.Dairy Sci., 1985, 68, 2740-2745 ; Rajamahendran et al. Can.Vet.J., 1993, 34, 349-352). Il est également important de considérer d’autres facteurs plus spécifiquement liées à la nature et aux conditions de prélèvement et de sa conservation. La progestérone étant soluble dans les graisses, sa concentration est habituellement plus élevée dans le lait entier que dans le lait écrémé. Au moment de l’oestrus, sa concentration dans la matière grasse du lait est de 10 ng environ ce qui correspond à une concentration dans le lait entier de 0.3 ng . Un rapport de 1 :147 a été observé entre la concentration de la progestérone dans la crème du lait et le lait écrémé (Waldmann et al. Animal reproduction Science 2001,65,33-41) . De même, sa concentration sera plus élevée dans un prélèvement de lait effectué le matin que le soir compte tenu de l’augmentation de la concentration en graisses (Heap et al. Br.Vet.J., 1976, 132,445-464). Elle est également plus élevée dans le lait prélevé en fin qu’en début de traite (Heap et al ; ; Br.Vet.J., 1976, 132, 445-464 ; Pope et al. Br.Vet.J., 1976,132,497-506). Pour éviter l’effet du moment du prélèvement sur le taux de matières grasses et donc sur la concentration en progestérone, il a été recommandé de réaliser le prélèvement plus de 3 heures après la traite précédente (Waldmann et al. Anim.Reprod.Sci.1999,56,79-91). De même , la concentration de la progestérone diminue si le prélèvement de lait écrémé maintenu à 4°C est progressivement amené à la température de la pièce (Eissa et al. Theriogenology, 1995,43,893-898 ; Nachreiner et al. Am.J.Vet.Res., 1992,53,1085-1089).
Utilisant un RIA (limite du dosage 0.02 ng/ml) et considérant un seuil minimal de 1 ng pour déclarer l’animal gestant, des études ont rapporté une spécificité comprise entre 58 et 67 % (Rajamahendran et al. 1993, Carrière et al. The bovine Practitioner 2000,34,81-86), une sensibilité de 90 % et des valeurs prédictives positives et négatives comprises respectivement entre 66 et 77 % et entre 90 et 97 % (Carrière et al. 2000, Pennington et al. 1985, Rajamahendran et al. 1993). Seule la prise en considération de ces différents paramètres autorise la comparaison entre les études. Il a été démontré que le changement de la valeur du seuil minimal de 8.8 ng à 3 ng entraîne une diminution de la sensibilité (36 vs 91 %) une augmentation de la spécificité (92 vs 64 %) une augmentation de la valeur prédictive positive (76 vs 65 %) et une diminution de la valeur prédictive négative (67 vs 91 %) (Carrière et al. 2000) . L’implication économique du choix d’une valeur seuil est réelle. On a estimé qu’un diagnostic faussement négatif coûtait trois fois plus cher qu’un diagnostic faussement positif. Le choix du taux de conception spécifique au troupeau doit également être pris en compte. En effet pour une concentration seuil donnée, la valeur prédictive des diagnostics positifs augmente (81 vs 48 %) mais la valeur prédictive des diagnostics négatifs diminue 82 vs 96 %) lorsque le taux de gestation passe de 25 à 60 % . Ce fait traduit l’influence de la prévalence (Carrière et al. 2000) .
Etant donné la rapidité d'obtention du résultat, le dosage de la progestérone par ELISA a largement dépassé sa simple application au diagnostic de gestation. Il constitue en effet un moyen rapide de confirmer l'état œstral de l'animal par un prélèvement effectué le jour des chaleurs. Sur un prélèvement effectué au 19ème jour du cycle, il permet de prédire le retour en chaleurs de l'animal et ainsi de mettre à profit cette phase œstrale pour une nouvelle insémination. Effectué à trois reprises à une semaine d'intervalle, il permet de déterminer la date du premier retour en chaleurs de l'animal après le vêlage et ainsi d'optimiser le moment de la première insémination. Il permet également d'optimiser l'utilisation des prostaglandines dans le cadre par exemple d'un programme de synchronisation de chaleurs. Enfin, déterminant la présence d'un corps jaune fonctionnel, il rend possible la sélection de receveuses dans le cadre d'un programme de transfert d'embryons.
Moussavet@rocketmail.com
L'identification d'un état de gestation est intimement liée à la physiologie de l'embryon et du placenta. L'embryon arrive 5 jours après la fécondation dans l'utérus. Au 7ème jour, la morula se creuse d'une cavité le blastocœle qui s'entoure d'une couche cellulaire possédant deux types de cellules. La couche périphérique donnera naissance au trophoblaste tandis qu'à un pôle du blastocyste va se différencier le disque embryonnaire qui donnera le foetus.
Vers le 10ème jour de la gestation, le blastocyste rompt par éclosion la membrane pellucide qui jusque là l'entourait. Cette étape est une des plus importantes du développement embryonnaire et du maintien de la gestation: elle a pour effet d'établir des relations directes d'ordre physique et physiologique entre l'embryon et sa mère. Elle doit chez la vache impérativement survenir avant le 15ème jour du cycle. C'est en effet à ce stade qu'en cas de non-fécondation , l'endomètre libère une prostaglandine responsable de la lyse du corps jaune, d'une chute de la progestéronémie et du retour en chaleurs de l'animal. En cas de fécondation par contre, le trophoblaste synthétise entre le 15ème et le 26ème jour de gestation une substance à effet anti-lutéolytique.
Une fois l'embryon éclos, le trophoblaste va par élongation envahir toute la corne ipsilatérale au corps jaune. Ce processus comprend les phases d'apposition (J17 à J21), d'adhésion (J18 à J23) et d'attachement (J19 à J30) du trophoblaste à l'endomètre. C'est au cours de cette période (J18-J19) que les cellules binucléées d'origine trophoblastique migrent dans l'épithélium utérin. Cette migration a pour objet d'immobiliser les deux épithéliums embryonnaires et maternels pour permettre le développement de microvillosités et la formation des cotylédons et caroncules (placentomes) à partir du 30ème jour de gestation.
Le rôle endocrinien du placenta est un des plus importants et des plus précoces. Le placenta peut être considéré comme une volumineuse glande endocrine source de stéroïdes et de protéines diverses, présentes pendant toute ou une partie de la gestation et possédant une activité hormonale ou autres encore mal définies.
Ainsi ont été identifiées des hormones stéroïdiennes (progestérone, œstrogènes), des prostaglandines, des gonadotrophines (bCG: bovine chorionic gonadotrophin), des hormones placentaires lactogènes ou somatomammotrophines chorioniques (bPL: bovine placental lactogen), des signaux embryonnaires précoces (EPF: Early Pregnancy Factor, trophoblastine), des protéines spécifiques de la gestation (PSPB: Pregnancy Specific Protein de type B ou PAG: Pregnancy Associated Glycoprotein). Bien que nombreuses, peu d’entre elles cependant ont connus une application pratique. Citons néanmoins la progestérone et la PAG ou PSPB.
1.1.1. La progestérone
L'identification du rôle indispensable de la progestérone dans le maintien de la gestation est connue depuis longtemps et a constitué une des premières méthodes de son diagnostic hormonal. Au cours de la gestation, l’origine de la progestérone varie selon les espèces. Un relais placentaire est observé chez la vache, la jument, la brebis et la femme respectivement 200, 70, 50 et 50 jours après la fécondation. Ce relais n’est pas observé chez la chatte, la chèvre, la truie ou la, chienne. Précisons également que chez la jument une synthèse complémentaire de progestérone est assurée par les corps jaunes secondaires.
Deux types de dosage sont actuellement utilisés: le dosage radio-immunologique (RIA) et l'ELISA (Enzyme Linked Immunosorbent Assay). Le premier nécessite l'utilisation de produits radioactifs ainsi qu'un personnel expérimenté et l'infrastructure d'un laboratoire. La mise au point de la seconde méthode a largement contribué à son utilisation en ferme ou au cabinet du vétérinaire. L'un et l'autre dosage peuvent être réalisés sur des prélèvements de lait (entier, écrémé ou crème) ou de sang. Le dosage radio-immunologique suppose néanmoins le respect de certaines conditions de prélèvement (Tableau 2).
La vache présente la particularité d’avoir une enzyme (5-alpha-réductase) qui dégrade rapidement la progestérone en un métabolite qui ne croise pas avec le RIA, très spécifique de la progestérone. Aussi, après 4 à 6 heures et à température ambiante, la taux de progestérone dans du sang prélevé sur tube sec est réduit de moitié. Cette dégradation est empêchée si on soustrait la progestérone à l’action des globules rouges. Le prélèvement peut donc être réalisé sur tube avec anti-coagulant puis centrifugé dans les minutes suivantes. Cette méthode n’étant pas toujours possible en ferme, le prélèvement est réalisé dans des tubes secs renfermant un inhibiteur de la dégradation de la progestérone : l’azide de sodium. L’addition de cette subtance à une concentration de 5mg/ml assure une conservation de 90 % de la progestérone après 4 jours. Bien que responsable d’une légère hémolyse, l’azide de sodium n’interfère pas avec le dosage ultérieur (Delahaut et al. Ann.Méd.Vét.,1979,123,567-572) . L’addition d’anticoagulant au tube renfermant de l’azide de sodium réduirait de 10 % la concentration en progestérone si la centrifugation n’est pas immédiate. On notera que chez la jument, la progestérone reste parfaitement stable pendant 24 heures. Chez la brebis, une chute de 35 % de la progestérone peut être observée au bout de 48 heures.
Dans les dosages ELISA, certains enzymes tels la peroxydase de radis ou la beta-galactosidase ou la phosphatase alcaline jouent le rôle dévolu aux radio-isotopes dans le RIA. Le principe de ce type de dosage est le suivant. La paroi du tube de réaction est recouverte d'un anticorps antiprogestérone. On notera que l'utilisation d'anticorps monoclonaux est de nature à augmenter la qualité du test. Après introduction du prélèvement, on ajoute une solution renfermant une quantité connue de progestérone liée à l'enzyme. Ce faisant, la progestérone du prélèvement entre en compétition avec la progestérone liée à l'enzyme au niveau des sites de fixation des anticorps tapissant la paroi du tube. La lecture au bout de quelques minutes du résultat de cette compétition de fixation permet d'identifier la proportion de progestérone de chaque origine. Ainsi, si la quantité de progestérone du prélèvement est élevée, les sites de fixation auront davantage fixés ce type de progestérone que celui lié à l'enzyme et inversement. Une fois la réaction réalisée, le tube est vidé et un révélateur est ajouté. L'intensité de la réaction colorée obtenue sera inversement proportionnelle à la quantité de progestérone présente dans l'échantillon. La comparaison des couleurs obtenues à celles d'échantillons standards ou leur lecture par un spectrophotomètre permet d'évaluer qualitativement ou quantitativement la concentration en progestérone de l'échantillon.
Les dosages ELISA et RIA de la progestérone sont plus aptes à détecter les animaux gestants (sensibilité: 97%) que non-gestants (spécificité 75 %). Le degré d'exactitude des diagnostics de gestation et de non gestation sont respectivement égal à 85 et 95 %. Ils dépendent de la qualité des prélèvements, de l'importance de la mortalité embryonnaire tardive, de la régularité des cycles mais aussi de la concentration minimale (cutoff value) prise en considération pour déclarer l’animal gestant (Ainsi, des valeurs comprises entre 1 et 3 ng/ml ont été rapportées (Darwash et al. Anim.Sci., 1999, 68, 33-347 ; Pennington et al. J.Dairy Sci., 1985, 68, 2740-2745 ; Rajamahendran et al. Can.Vet.J., 1993, 34, 349-352). Il est également important de considérer d’autres facteurs plus spécifiquement liées à la nature et aux conditions de prélèvement et de sa conservation. La progestérone étant soluble dans les graisses, sa concentration est habituellement plus élevée dans le lait entier que dans le lait écrémé. Au moment de l’oestrus, sa concentration dans la matière grasse du lait est de 10 ng environ ce qui correspond à une concentration dans le lait entier de 0.3 ng . Un rapport de 1 :147 a été observé entre la concentration de la progestérone dans la crème du lait et le lait écrémé (Waldmann et al. Animal reproduction Science 2001,65,33-41) . De même, sa concentration sera plus élevée dans un prélèvement de lait effectué le matin que le soir compte tenu de l’augmentation de la concentration en graisses (Heap et al. Br.Vet.J., 1976, 132,445-464). Elle est également plus élevée dans le lait prélevé en fin qu’en début de traite (Heap et al ; ; Br.Vet.J., 1976, 132, 445-464 ; Pope et al. Br.Vet.J., 1976,132,497-506). Pour éviter l’effet du moment du prélèvement sur le taux de matières grasses et donc sur la concentration en progestérone, il a été recommandé de réaliser le prélèvement plus de 3 heures après la traite précédente (Waldmann et al. Anim.Reprod.Sci.1999,56,79-91). De même , la concentration de la progestérone diminue si le prélèvement de lait écrémé maintenu à 4°C est progressivement amené à la température de la pièce (Eissa et al. Theriogenology, 1995,43,893-898 ; Nachreiner et al. Am.J.Vet.Res., 1992,53,1085-1089).
Utilisant un RIA (limite du dosage 0.02 ng/ml) et considérant un seuil minimal de 1 ng pour déclarer l’animal gestant, des études ont rapporté une spécificité comprise entre 58 et 67 % (Rajamahendran et al. 1993, Carrière et al. The bovine Practitioner 2000,34,81-86), une sensibilité de 90 % et des valeurs prédictives positives et négatives comprises respectivement entre 66 et 77 % et entre 90 et 97 % (Carrière et al. 2000, Pennington et al. 1985, Rajamahendran et al. 1993). Seule la prise en considération de ces différents paramètres autorise la comparaison entre les études. Il a été démontré que le changement de la valeur du seuil minimal de 8.8 ng à 3 ng entraîne une diminution de la sensibilité (36 vs 91 %) une augmentation de la spécificité (92 vs 64 %) une augmentation de la valeur prédictive positive (76 vs 65 %) et une diminution de la valeur prédictive négative (67 vs 91 %) (Carrière et al. 2000) . L’implication économique du choix d’une valeur seuil est réelle. On a estimé qu’un diagnostic faussement négatif coûtait trois fois plus cher qu’un diagnostic faussement positif. Le choix du taux de conception spécifique au troupeau doit également être pris en compte. En effet pour une concentration seuil donnée, la valeur prédictive des diagnostics positifs augmente (81 vs 48 %) mais la valeur prédictive des diagnostics négatifs diminue 82 vs 96 %) lorsque le taux de gestation passe de 25 à 60 % . Ce fait traduit l’influence de la prévalence (Carrière et al. 2000) .
Etant donné la rapidité d'obtention du résultat, le dosage de la progestérone par ELISA a largement dépassé sa simple application au diagnostic de gestation. Il constitue en effet un moyen rapide de confirmer l'état œstral de l'animal par un prélèvement effectué le jour des chaleurs. Sur un prélèvement effectué au 19ème jour du cycle, il permet de prédire le retour en chaleurs de l'animal et ainsi de mettre à profit cette phase œstrale pour une nouvelle insémination. Effectué à trois reprises à une semaine d'intervalle, il permet de déterminer la date du premier retour en chaleurs de l'animal après le vêlage et ainsi d'optimiser le moment de la première insémination. Il permet également d'optimiser l'utilisation des prostaglandines dans le cadre par exemple d'un programme de synchronisation de chaleurs. Enfin, déterminant la présence d'un corps jaune fonctionnel, il rend possible la sélection de receveuses dans le cadre d'un programme de transfert d'embryons.
Moussavet@rocketmail.com
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