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Confluences Méditerranée 13401713


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Confluences Méditerranée

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جديد Confluences Méditerranée

مُساهمة من طرف amel الجمعة 22 يناير 2010 - 21:23

Confluences Méditerranée


N°2

Hiver
1991-92



Mer commune, sécurité commune


Bernard
Ravenel




Evoquer le passé le plus
ancien comme l'actualité la plus immédiate en Méditerranée provoque presque
spontanément une représentation d'insécurité. Pour un Français, pour un
Européen, la Méditerranée c'est d'abord un espace d'affrontement séculaire avec
le monde arabo-musulman, c'est le terrorisme, c'est aussi, la poudrière
balkanique, la Mafia sicilienne et ses multiples ramifications européennes.
Plus grave, la paix en Méditerranée c'est la "Pax romana" d'hier, la
Pax americana" d'aujourd'hui, comme si la paix dans notre mer Intérieure
ne pouvait être que le fruit de la contrainte d'une puissance ; comme si en Méditerranée,
il ne pouvait y avoir de paix qu’impériale et comme si, par eux-mêmes, les
Méditerranéens, étaient de moins en moins capables de paix...


L'amiral américain A.
Mahan, un des pères de la stratégie navale n'écrivait-il pas dès 1902 :
"La Méditerranée appartiendra à un seul maître, tombera sous l'hégémonie
d'une puissance dominante qui poussera ses avantages dans tous les domaines ou
sera le théâtre d'un conflit permanent..."
Quatre mois à peine après la guerre du Golfe, le chef militaire de l'Otan, le
général américain John Galvin, déclarait que la Méditerranée était la région
"qui a le plus de risques de crises et de conflits dans l'avenir."(1)
Mer de conflits, mer de tragédies, tel serait le destin de la Méditerranée.
Au-delà de cette vision, n'y aurait-il aucune place pour une autre Méditerranée
possible, pour une "utopie méditerranéenne", qui permettrait, par un
mariage heureux de la modernité et des culturelles locales, d'établir sur un
pied d'égalité, les fondements d’une civilisation nouvelle à la hauteur des
défis de notre temps ?
Plus concrètement, la fin de la logique des blocs militaires qui, en termes de
dynamique conflictuelle et de course aux armements a trouvé en Méditerranée un
terrain particulièrement propice, va-t-elle, peut-elle, laisser place à une
perspective de règlement des conflits, de maîtrise des tensions, de
rapprochements entre les rives du Nord et du Sud ? Le processus de paix
israélo-arabe entamé à Madrid peut-il ouvrir un chemin dans cette direction ?
Mais à l'inverse, la guerre du Golfe, avec son onde de choc en Méditerranée,
n'a-t-elle pas ouvert une autre voie : celle d'une nouvelle guerre froide -
n'excluant pas de violents et meurtriers accès de fièvre - entre le Nord et le
Sud de la Méditerranée où le rideau de fer laisserait la place à un
"rideau d'or" militarisé entre les nantis du Nord et les prolétaires
du Sud ?
En cette symbolique année 1992, l'avenir de la Méditerranéeapparaît
bien incertain...
Toujours est-il que la fin de l'affrontement bipolaire et l'amorce - encore
bien fragile - de la fin de l'affrontement israélo-arabe offrirait pour
l'ensemble méditerranéen une opportunité historique exceptionnelle : celle
d'envisager une époque ouverte au règlement politique des conflits, au
désarmement et par conséquent, au développement Ce qui signifie une révision
radicale de la conception de sécurité jusque-là confondue avec sa composante
militaire.
Il faudra voir si les conceptions stratégiques qui vont s'imposer et
s'installer dans la Méditerranée d'après-guerres (froide et du Golfe)
empêcheront ou favoriseront une vision plus globale et une démilitarisation de
la notion de sécurité en Méditerranée.
Au cours d'un colloque organisé en février 1991, en pleine guerre du Golfe à
Bandol (Var), Pierre Dabezies, président de la Fondation des études pour la
défense nationale (FEDN), ne déclarait-il pas : " Le concept de sécurité
en Méditerranée doit être en quelque sorte démilitarisé, être commun à l'Europe
comme au Maghreb, être intégré dans un projet de coopération, qui implique de
part et d'autre l'acceptation des mutations politiques sur chaque rive, à
défaut de quoi, prévaudraient des tensions ou une hostilité contraires à
l'objectif recherchée. "(2)
Cette évolution, en effet, paraît comme une condition préalable, non seulement
pour une Méditerranée moins explosive, non seulement pour résoudre les énormes
problèmes économiques, sociaux et écologiques de la région, mais aussi pour
sauver "notre" mer d'une aventure sans retour que serait une guerre
menée avec les armes terribles qui se trouvent concentrées autour d'elle, à la
surface et dans la profondeur de ses eaux…



Une
mer pleine de turbulences


On le sait, la Méditerranée
est un microcosme d'école pour théoriciens des conflits. Quatre raisons, au
moins depuis 1945, l’expliquent : une multiplicité pérenne de conflits
locaux, une décolonisation difficile, des enjeux géostratégiques spécifiques,
la logique des blocs.


1. La réalité conflictuelle
de la Méditerranée peut se subdiviser en quatre sous-ensembles :
- le Proche-Orient avec le conflit israélo-arabe et ses conséquences sur
l’ensemble de la région ;
- les relations gréco-turques à propos de Chypre, des espaces maritimes de la
mer Egée et du contentieux territorial sur la Thrace orientale :
- les Balkans où les tensions, après avoir été gelées par la guerre froide,
débouchent sur des conflits ouverts ;
- le Maghreb où après la phase difficile de la décolonisation, se maintiennent
des sources de tensions violentes concernant le tracé des frontières
post-coloniales et où apparaissent des tensions internes explosives.


2. La volonté de la
Grande-Bretagne, de la France et aussi d'Israël de maintenir en Méditerranée,
des formes de domination coloniale dépassées par l'histoire a, elle aussi,
fortement entretenu une logique de confrontation violente.


3. A cette réalité
conflictuelle où la Méditerranéeoccidentale peut apparaître plus
paisible que la partie orientale, s'ajoute une série de facteurs
géostratégiques propres :
- la Méditerranée est d'abord une très importante route pétrolière : 50%
du pétrole consommé en Europe occidentale y transite. L'Italie, la Grèce, mais
aussi la Suisse et l'Autriche, dépendent à 100% du pétrole arrivant dans les
ports méditerranéens. Tout arrêt prolongé provoquerait l'effondrement de leur
économie. Pour l'ex-URSS, 50% de ses exportations de pétrole passent par la mer
chaude. Pour les Etats-Unis, le fait majeur tient à la nécessité de maintenir,
pour leurs compagnies pétrolières, le libre accès au pétrole du Golfe avec des
prix maîtrisés, même si 10% seulement de leur énergie provient de cette région.
- la Méditerranée est une mer semi-fermée : les détroits, lieux de passage
obligés et verrous facilement contrôlables, constituent des points clés. La
maîtrise de ces détroits est donc un facteur géostratégique déterminant;
- la structure géographique et les contraintes stratégiques confèrent aux îles
une place particulière comme points d'appui avancés pour des fonctions
militaires (Sicile, Malte, Chypre, etc);
- sous l'impulsion des Etats-Unis, inquiets de la situation dans le Golfe après
la chute du Shah en 1978, s'est produite une extension géostratégique de la
zone méditerranéenne qui part désormais des Açores pour aller jusqu'au Golfe;
- l'évolution technologique tend à "rétrécir" l'espace méditerranéen
: désormais, la mer est entièrement contrôlée à partir d'une aviation basée à
terre.


4. En fait, le statut
stratégique de l'espace méditerranéen s’est globalement défini dans le cadre de
l'ordre militaire interne bipolaire qui s'est progressivement établi après la
deuxième guerre mondiale(3).


Cet ordre bipolaire s'est
concrétisé par une présence militaire permanente des deux superpuissances sous
la forme de flotte de guerre. (La Vème flotte américaine et la cinquième
escadre soviétique). Pour les deux superpuissances, mais surtout pour les
Etats- Unis, nettement supérieur, la sécurité de la Méditerranée signifie
fondamentalement la capacité de contrôle politico-militaire sur la région dans
le cadre du bipolarisme. Dans les années 70, la Méditerranée est certainement
le lieu de plus haute concentration des flottes et de plus haute concentration
de fusées nucléaires à la mer. La Méditerranée est la mer la plus militarisée
et la plus nucléarisée du monde.
Cette politique des blocs s'est traduite par des alliances militaires régionales
bilatérales (Etats-Unis/lsraël, URSS/Syrie... ) qui n'ont trouvé leur
justification que par un climat d'hostilité et de menace permanente réciproque.
Il en est résulté l'impossibilité d'entamer tout processus sérieux de règlement
des conflits - qui aurait supposé l'accord des deux Grands - sans parler de
maîtrise des armements ou même de mesures de confiance dans ce domaine. La plus
grande partie des pays riverains ont dépensé beaucoup d'argent - au détriment
de leur développement civil - pour disposer d'armements de haut niveau et à
grande capacité destructrice, encouragés d'ailleurs par un florissant commerce
d'armes provenant des grandes et moyennes puissances (Etats-Unis, URSS, France,
Italie). L'armement ainsi rassemblé a doté un certain nombre de pays - surtout
ceux disposant de revenus pétroliers - d'armées surdimentionnées, disposant
d'un potentiel offensif menaçant la sécurité de ses voisins, comme la Libye et
l'Irak.
Le principal conflit méditerranéen - le conflit israélo-arabe - est né à l'ombre
de la guerre froide et à l'intérieur de la structure bipolaire. Il a
conditionné toute l'évolution de la Méditerranée orientale, n'a pas épargné la
partie occidentale (bombardement de la région de Tunis par Israël le 1er
octobre 1985) et a imposé une vision étroitement militarisée de la notion de
sécurité dans le cadre de la domination de la logique des blocs.
Pendant toute cette période, la pensée géostratégique dominante a assimilé
complètement sécurité et pouvoir militaire. La militarisation de la région
trouvant sa justification ou même sa légitimité dans une militarisation du
concept même de sécurité.
De ce point de vue, une place particulière doit être accordée aux conditions
historiques de l'installation de l'Etat d'Israël dans la région. Pour se faire
accepter et obtenir un statut optimal de sécurité - pensée en termes militaires
non en termes politiques - l'option israélienne passe rapidement d'une
"défense active" de son droit d'existence territoriale à une
politique expansionniste. Cette politique de "sécurité absolue",
soutenue par l'Occident, contribue à assurer une prééminence durable et une
doctrine de sécurité en Méditerranée.


Ainsi les frontières
politiques sont confondues avec les frontières de sécurité, en fonction
exclusive du rapport des forces militaires à un moment donné. L’instabilité
régionale et une course permanente aux armements et à la protection d'une des
deux superpuissances sont dès lors inévitables, avec tous les risques qui s'y
rattachent. On l'a vu en 1973.
Du côtéarabe, la lutte armée proposée par le mouvement national arabe
contre Israël et contre la France (en Algérie) visait à son tour à rétablir la
souveraineté arabe par la force des armes. Encouragée par la défaitefrançaise
à Dien Bien Phu, la stratégie nationaliste arabe, nécessitait à la fois le
démantèlement des structures politico-administratives mises en place par le
pouvoir colonial mais aussi l’expulsion – ou, au mieux, l’octroi d’un statut
fragile – des populationsd'origine européenne (française, anglaise) ou
juives.
Finalement, pour l'ensemble des forces en présence dans cette Méditerranée
"sous les blocs", on peut dire que la sécurité y est conçue sous une
dimension étroitement militaire. Généralement, on cherche une sécurité absolue,
ce qui implique de se donner les moyens, y compris nucléaires, de détruire
l'ennemi. La sécurité absolue de l'un suppose l'insécurité absolue de l'autre.
Tout accord imposé sur cette base devient caduc dès lors que change le rapport
de forces.
Cette centralité militaire du concept de sécurité aboutit à une sousestimation,
à une "sous-perception", des dangers ou des menaces réelles qui
pèsent sur les populations de la région et qui ne sont pas de nature militaire
: chômage, faim, sous-développement, déséquilibres sociaux, dégradation de
l'environnement... Par contre, on tend à surdimensionner certaines menaces non
militaires que l'on entend combattre par des moyens militaires. C'est le cas
pour le terrorisme et pour toute déstabilisation d'un pays riverain qui
remettrait en cause des intérêts (privés) des puissances dominantes (I'Egypte
au moment de la nationalisation de la Compagnie de Suez).
En fonction d'une perception surdirnensionnée de ces menaces, on met en place
un modèle de défense caractérisé par une capacité de défense offensive de
projection de force susceptible de se traduire par une intervention armée dans
les pays du Sud.
En dernière analyse, cette sécurité en Méditerranée sous la tutelle des blocs à
dominante américaine, est uniquement perçue, appréhendée, à travers le prisme
et en fonction des intérêts des pays occidentaux : Etats-Unis, Europe de
l'Ouest et Israël.
Les intérêts de la rive nord dans le cadre de la suprématie américaine, sont
les seuls pris en compte. En termes de sécurité, le Sud n'existe pas.



La
Méditerranée, laboratoire du nouvel ordre mondial ?


Véritable sismographe du
système des relations internationales, 1a Méditerranée va être directement
touchée par les ondes de choc des grands séismes de cette fin de siècle. Mieux,
elle sera elle-même le théâtre de ces nouvelles tendances planétaires.
Après avoir été en Grèce et en Turquie, le lieu de première application de la
stratégie de containment énoncée par la doctrine de Truman en 1947, la
Méditerranée du début des années 90 devient le lieu d'intronisation du
"nouvel ordre mondial" souhaité par les Etats-Unis.
La désintégration de l'URSS met fin à la guerre froide privée de sa raison
d'être : il n'y a plus d'ennemi à l'Est. Plus, Gorbatchev, par sa politique de
désarmement, a contribué à modifier profondément la conception de la sécurité.
Celle-ci ne peut plus être fondée sur l'accumulation invraisemblable et même
"baroque" de toute une panoplie militaire, en particulier nucléaire.
L'affaire des euromissiles avait démontré que la sécurité n'augmente pas si les
moyens mis en oeuvre pour l'obtenir produisent concrètement une plus grande
insécurité chez les autres. Désormais, et Ronald Reagan lui-même le dira, la
sécurité doit être réciproque, commune, négociée, même et surtout avec
l'adversaire potentiel. C'est le principe de la sécurité partagée, essence de
tout système national et moderne de sécurité. En 1990, l'Otan reconnaît que
"la sécurité de chaque Etat est indissociablement liée à celle de ses
voisins."(4)
Avec la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE), l'Europe
commence alors à se doter d'un ensemble d’institutions pan-européennes de
coopération et de sécurité permettant de donner corps à cette nouvelle réalité
stratégique. A ce moment, l’Europe se trouve en effet dans une situation
exceptionnelle caractérisée par l’impossibilité - et même l'impensabilité -
d'une agression de la part d'autres Etats ou groupes d'Etats. La
"libanisation" en cours de l’ex-URSS qui implique une fragmentation
de l'arsenal nucléaire soviétique entre plusieurs républiques ne peut être
affrontée à partir d’une intervention armée. Seul un processus politique de
coopération et de solidarité économique et politique avec les forces
démocratiques, accélérant le processus de désarmement en cours et développant
de nouveaux mécanismes supranationaux dans le cadre de la CSCE, peut permettre
une solution politique, non militaire à ce scénario de fin d’empire.
Toujours est-il que cette disparition des éléments constitutifs de la non
guerre froide concerne non seulement l'Europe, mais aussi l'ensemble
méditerranéen.



Une
nouvelle perception des enjeux méditerranéens


Quittant la scène,
l'affrontement Est-Ouest a, en quelque sorte, mis à découvert ce qui jusque-là,
avait été occulté ou refoulé, en tout cas gravement sous-estimé, à savoir la
double crise, économique et qui, au cours de la décennie 80, s'est
particulièrement approfondie en Méditerranée.


La crise économique, c'est
d'abord l'ampleur des déséquilibres entre Nord et le Sud :
- aggravation de la crise dans les pays arabo-musulmans qui voient se propager
une misère diffuse, croissante, désespérée, débouchant, de Casablanca au Caire
en passant par Alger et Tunis, sur des émeutes de la faim que l'on croyait d'un
autre temps ;
- un creusement de l'écart entre les richesses du Nord et la pauvreté du Sud :
en 1983, en termes de PIB/habitant, l'écart entre la France et l'Egypte était
de 1 à 15; en 1989, il est de 1 à 20 ;
- une dette étouffante bloquant absolument toute perspective d'investissement
pour le développement. Pour le président de la Banque du crédit populaire
d'Algérie, Omar Benderra, le diagnostic est sans appel : "Ce que nous
constatons dans les pays du tiers monde en général et dans ceux de la
Méditerranée en particulier, c'est la dégradation de leurs conditions
économiques due surtout aux problèmes de la dette, de la domination à travers
la dette, un étranglement lent, le "baiser de la mort". Cette grave
situation de la dette externe que connaissent nos économies se maintiennent
grâce aux techniques de rééchelonnement que nous considérons comme criminelles
quand nous nous rendons compte des résultats de ces politiques économiques en
Amérique latine et en Afrique subsaharienne."(5)


Selon Georges Corm(6),
"depuis la fin des années 70, les pays non industriels de la Méditerranée
remboursent chaque année de 5 à 8 milliards de dollars de plus qu'ils ne
reçoivent des pays de l'OCDE". En clair, la rive sud finance la rive nord
de la Méditerranée.
On peut donc considérer que la principale menace qui pèse aujourd'hui sur la
Méditerranée - à l'image de l'ensemble de la planète - provient de l'abîme qui
se creuse entre les pays riches et les pays pauvres. Toute politique de
sécurité doit d'abord prendre en compte ce fait majeur, car la misère -
c'est-à-dire l'insécurité quotidienne de dizaines de milliers de gens dans les
pays riverains - sera de plus en plus source de tensions et de conflits,
incompatibles avec 1’objectif de stabilité.


A cette crise s'ajoute
l'agression écologique qui met en danger de multiples aspects de la vie quotidienne
en Méditerranée, laissant peser des menaces beaucoup plus réelles que les
forces armées d'un ennemi possible ou imaginé...
On assiste en effet à une détérioration généralisée de l'écosystème
méditerranéen (mer, littoral) comme effet de la surexploitation et de la
pollution de la mer. D'autre part, l'épuisement du potentiel hydraulique, la
pollution des eaux potables, la réduction des surfaces arables grignotées par
l'urbanisation, l'industrialisation et la désertification, laissant prévoir,
dès la décennie 90, des situations de pénurie sans précédent. La saturation des
moyens urbains de traitement des déchets rend la vie dans les grandes villes du
Sud de plus en plus insupportable. Déjà dans les quartiers de la soif du Caire,
non équipés de réseaux d'adduction d'eau potable, les marchands d'eau vende le
m3 à des prix exorbitants...
Cette détérioration de l'écosystème affecte essentiellement les populations les
plus démunies des villes et des campagnes du Sud. Elle ne peut que pousser
celles-ci à chercher dans l'immigration un exutoire à un cadre de vie qui tend
à se transformer en cadre de mort.
L'écosécurité, la sécurité écologique, devient un axe essentiel d’une politique
de sécurité en Méditerranée.
Concilier développement et environnement dans un monde méditerranéen
profondément instable devient, y compris en termes de sécurité, le défi majeur
de la fin de ce siècle.
Ainsi s'imbriquant à l'idée - nouvelle - que la sécurité des uns se fonde de
moins en moins sur l'insécurité des autres, s'affirme une conception plus
cohérente de la notion de sécurité.



Menace
du Sud ou menace du Nord ?


Mais à côté de cette
évolution vers une idée renouvelée de sécurité immerge en Europe du sud, tout
un discours sur "la menace du Sud"(7).
" L’Est ne fait plus peur, le Sud est de plus en plus redouté".
C'est en ces termes que le Sirpa (service d'information des années) commente la
série des sondages qu'il a commandés pour le compte du ministère de la défense
à la SOFRES, comme il le fait chaque année(8).
Sur le terme de "menace", il existe une confusion parfois
délibérément entretenue entre "menaces", "risques",
"conflits" et "problèmes" qui sont des choses différentes.
Surtout, il apparaît que la plus grande partie des "menaces" ne sont
pas de caractère militaire : faim, sous-développement, pression démographique,
dégradation écologique… sont les principaux problèmes qui effectivement
menacent la survie de l'humanité en Méditerranée.
Or les appareils culturels principaux - les médias - se consacrent davantage à
développer des perceptions ou des représentations de menaces militaires plutôt
qu'à faciliter la réflexion sur les autres " problèmes " et
donc sur la question des moyens pour les résoudre. Si bien que les sociétés
sont amenées à affecter beaucoup plus de ressources à la prévention
d'hypothétiques menaces militaires qu'à répondre aux réelles menaces qui ne
sont pas militaires.
C’est dans ce climat culturel qu'il faut parler des "menaces en
Méditerranée", les documents officiels - comme ceux de l'UEO - ou
officieux(9)
estimant que la zone méditerranéenne est porteuse de menaces pour l'Europe(10)...
Pour Michel Vauzelle, président de la Commission des affaires étrangères à
l'Assemblée nationale, la notion de menace du Sud est une "sottise
absolue" ; il considère même qu'évoquer "le danger du Sud est une
faute morale : on le crée en en parlant"(11).
On "oublie" que les pays de la rive Nord, membres de l'Otan,
absorbent au moins 80% des dépenses de la zone méditerranéenne, qu'ils
disposent de 70% des hélicoptères, de 100% des porte-avions, de 75% des
sous-marins, de 78% des corvettes frégates et destroyers, de 40% des avions de
combat(l2)
et de la totalité de la capacité nucléaire...
A bon droit, le Sud peut s'estimer menacé militairement par le Nord...
En dernière analyse, on peut dire qu'en Europe du Sud, la politique de sécurité
vis à vis des pays méditerranéens du Sud est surdéterminée par le problème de
la gestion des flux migratoires. Comment faire en sorte que la crise
structurelle des pays du Sud – crise à laquelle on n'imagine plus de solution
possible dans un délai prévisible – ne se traduise en forte poussée migratoire
vers le Nord ? Telle est la question à laquelle l'Italie, pleinement approuvée
par ses pairs européenne, dans l'affaire des boat people albanais de mai 91, a
apporté une réponse radicale : réexpédition forcée en bloc et patrouillage
militaire des côtes albano-italiennes... C'est ce scénario d'empire romain de
la décadence assiégé par les barbares qui hante aujourd'hui une bonne partie
sociétés européennes lorsqu'elles pensent à la Méditerranée...


Dans ce contexte, la guerre
du Golfe, de portée mondiale, a eu de multiples conséquences en Méditerranée.
D'abord sur le plan géostratégique, la sécurité de l'Occident (Etats-Unis,
Europe occidentale) et celle du Moyen-Orient sont considérées comme liées
puisque la Méditerranée, surtout après la révolution iranienne, remplit la
fonction de "couloir aérien et naval" pour les interventions
"hors zone" des forces de l'Otan. Ensuite, sur le plan culturel, le
sentiment d'appartenance à la communauté arabo-musulmane des sociétés de la
rive sud s'est trouvé fortement exacerbé face à l'intervention militaire menée
par les Etats-Unis contre un pays arabe. La guerre du Golfe a renforcé les
représentations négatives que chacun, au Nord et au Sud, pouvait avoir l'un de
l'autre, approfondissant ainsi le fossé politicoculturel entre les deux rives.
Et puis, cette guerre a surtout relancé l'idée d'une guerre possible menée avec
des moyens conventionnels très sophistiqués et meurtriers pour
"résoudre" les problèmes conflictuels de la région. La certitude de
l'Occident d'importer utilement une rationalité armée contre le désordre, le
chaos, les massacres, s'en est trouvé revigorée...
Mais en même temps, la guerre a remis la question palestinienne sur le devant
de la scène. L'Intifada aidant, la nécessité d'apporter une solution devient
pressante si l'on veut établir une certaine stabilité régionale, dans la
perspective du "nouvel ordre mondial" annoncé par Georges Bush. Dans
ce cadre, vouloir résoudre le problème palestinien implique que soient
apportées des solutions d'ensemble aux problèmes qui s'interpénètrent dans la
région : le conflit israélo-arabe, la question de l'eau, le contrôle du
commerce des armes, l'établissement d'une zone libre d'armes à destruction
massive, de nouvelles formes de coopération économique régionale, un
rééquilibrage économique et politique d'ensemble du monde arabe avec ses
répercussions sur le marché mondial des capitaux...


Face à la question de la
sécurité en Méditerranée, devenue un problème global, les Etats-Unis et
l'Europe occidentale ont, chacun à sa manière, pris conscience des enjeux et de
leurs interdépendances.
L'administration américaine désormais à la tête d'un monde unipolaire sur le
plan stratégique - mais multipolaire sur le plan géo-économique – se trouve en
quelque sorte contrainte de mettre en place " un nouvel ordre
mondial " qui assure une certaine stabilité et qui amorce le
règlement des problèmes les plus aigus dans les régions considérées comme
vitales par lesEtats-Unis. C'est le cas de la Méditerranée. Les
Etats-Unis ne peuvent plus seulement se contenter d'être le "policier
mondial", ils doivent mettre en place des solutions réelles - même si
elles sont partielles - aux conflits en cours. C'est dans ces conditions seulement
qu’ils peuvent àla fois envisager un usage sélectif et ciblé de la
force et répondre aux intérêts de leurs alliés régionaux tout en obtenant un
certain consensus auprès de leurs partenaires-rivaux économiques (Allemagne,
Japon). Comment établir une paix qui puisse garantir en même temps le maintien
ou la reconquête de l'hégémonie ?
C’est dans cette phase de transition, à vrai dire pleine d'incertitudes, que
les Etats-Unis en sont amenés à prendre en charge sérieusement le processus de
paix au Moyen-Orient et d'une manière générale, à jouer un rôle de médiation
dans tous les conflits en cours dans la région (Chypre), y compris pour la
Yougoslavie.
De son côté, l’Europe occidentale a été amenée avant et après la guerre du
Golfe à avancer deux types de propositions pour aborder les questions de la
Méditerranée.
D’abord une proposition globale : celle de la conférence sur la coopération en
Méditerranée (CSCM), transposant le processus de la CSCE, articulant questions
de sécurité, de coopération économiques et questions humanitaires. Cette
proposition espagnole et italienne du présupposé que la sécurité dans la
Méditerranée ne peut se diviser ou se compartimenter(13).
Ensuite une proposition sub-régionale : celle dite des "4+5" (quatre
au Nord : Portugal, Espagne, France, Italie, et cinq au Sud, membres
l'Union du Maghreb arabe : Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie, Libye) auxquels
s'est ajoutée Malte. Les Dix ont mis au point un programme de travail sur des
thèmes d'intérêt prioritaire : institutions financières multilatérales,
autosuffisance alimentaire, lutte contre la désertification, immigration,
gestion de la dette extérieure, sauvegarde du patrimoine culturel et création
d'une banque de données méditerranéenne. Rien n'est prévu dans le domaine de la
sécurité proprement dite, comme si on avait considéré qu'en cette matière, il
ne pouvait y avoir de rapport de partenariat avec le Sud...
Sur la proposition de la France, les Dix ont reporté la discussion du projet de
la CSCM qui a, par ailleurs, rencontré l'hostilité des Etats-Unis et de
l'Allemagne.
On peut se demander, en préalable, s'il est pertinent de prendre le "cadre
méditerranéen" pour traiter de problèmes de sécurité. La notion de
"cadre méditerranéen" de sécurité se fonde sur l'idée que l'Europe ne
peut espérer une réelle sécurité si elle s'appuie sur un Sud transformé en une
mosaïque d'instabilités et de tensions diverses, en bref, sur une poudrière.



Perspectives
et conditions d'une sécurité commune


Une option européocentrique
de type "citadelle" européenne omme beaucoup le souhaitent, constitue
de ce point de vue, une dramatique et dangereuse illusion. Le déséquilibre
structurel qui s'aggrave entre les deux rives, l'interdépendance accrue des
phénomènes qui les relient rendent absolument irréaliste toute perspective de
sécurité séparée, excluant le Sud.
De son côté, le monde arabe, pour des besoins vitaux de développement et de
démocratie, pour éviter une marginalisation à l'échelle de la planète,
revendique des rapports étroits avec une Europe développée et démocratique.
Tout repli sur soi le condamne au maintien du sous-développement et à la
régression socioculturelle engendrée par la montée en force de l'intégrisme.
Il existe donc un double impératif, réciproque, de compréhension et de
coopération entre le Nord et le Sud de la Méditerranée.


Ce projet
"utopique" d'une Méditerranée formant l'axe d'une sécurité commune
entre l'Europe et le monde arabo-musulman suppose la réalisation progressive
d'un ensemble de conditions que pour conclure, l'on ne peut évoquer que
brièvement:
- respect d'un droit international indiscutable fondé sur le droit des peuples
à l'autodétermination ; dans l'immédiat, le règlement du conflit israélo-palestinien,
puis la question de Chypre, celle du Liban, mais aussi le problème kurde,
doivent être traités sur ces bases.
- désarmement : la guerre du Golfe a, d'une certaine manière, montré l'échec
d'une conception militariste des relations internationales. D'un côté pour ceux
qui croient que l'émancipation arabe et la libération de la Palestine
passeraient par la construction d'une puissance militaire capable de parité
avec Israël ; de l'autre, pour ceux qui, en Israël, estiment que la sécurité
militaire ne doit pas prendre en compte, ou le moins possible, toute
perspective de solution politique ou encore qui pensent que le contrôle de
territoires constitue une protection pour l'Etat.
Résoudre la question palestinienne et israélo-arabe signifie du même coup aller
vers un système de sécurité collective fondé sur la coopération et la
confiance. Le désarmement concernant d'abord les armes de destruction massive
sera le test décisif de la volonté d'établir une sécurité commune partagée dans
la région. La prolifération nucléaire et chimique comme celle des missiles
balistiques ne peut se résoudre qu’à travers un contrôle des exportations et
des transferts de certains produits. Le désarmement devient un pilier de la
politique de sécurité en Méditerranée, qui suppose aussi une défense non
provocatrice.
- développement et co-développement : la sécurité en Méditerranée est
impensable si continue à se creuser le fossé entre les deux rives. La
polarisation de la richesse d'un côté et de la misère de l'autre, s’accompagnant
d'une dynamique démographique qui accroît les déséquilibres, est porteuse de
ruptures dramatiques et totalement incompatible avec la stabilité de la région.
La nécessité d'un rééquilibrage géo-économique garantissant en même temps les
écosystèmes, est l'objectif incontournable de toute "politique
méditerranéenne rénovée" de la part de l'Europe communautaire. Ce qui
suppose une stratégie conjointe de développement ou de co-développement prenant
en compte les limites et les échecs précédents qu’on ne peut plus se permettre
de reproduire. La nécessité de liquider la dette est une condition nécessaire,
sinon suffisante, pour réclamer une coopération profitable. Par ailleurs, le
Sud a à reconquérir, dans une économie extravertie, son propre marché intérieur,
ce qui signifie pour la population, fixer ses besoins sociaux prioritaires
(santé, éducation, emploi, alimentation...). Or l'expression de ces besoins
passe par la confrontation libre, c'est à dire en fait par la démocratie.
- démocratie : l'extension de la démocratie dans toute la région
méditerranéenne nécessite à la fois une autre politique de coopération
répondant mieux aux besoins de la société et aussi l'établissement d'une
confiance mutuelle permettant une collaboration sur des bases durables et fécondes.
Les régimes politiques non démocratiques, non respectueux des droits de
l'homme, ne peuvent inspirer la confiance chez les voisins et les
interlocuteurs, lorsque des problèmes surgissent dans ces systèmes politiques,
souvent privés de légitimité populaire ; la tendance est forte de chercher des
causes externes pour serrer les rangs contre les ennemis externes - et leurs
"complices" internes. L'absence de démocratie n'est pas seulement une
question intérieure, elle est aussi facteur de déstabilisation internationale.
De ce point de vue, l'issue du processus de transition démocratique en Algérie
pèsera lourd dans l'avenir proche de la sécurité de la Méditerranée
occidentale.


Penser la sécurité
méditerranéenne pose un grand nombre de questions qui ont le mérite d'être au
centre des préoccupations et des angoisses des peuples riverains. Cela suppose
plus que jamais une flexion "méditerranéenne", collective, Nord-Sud,
plurielle et pluraliste. En définitive, il s'agit de construire ensemble un nouveau
concept de sécurité méditerranéenne commune, en donnant la priorité aux
composantes économique, écologique, culturelle et politique dans le cadre d'une
coopération ouverte entre les pays riverains. Une perspective incompatible avec
la poursuite ou la relance de logiques militaires pour régler les conflits et
qui s'insère dans un "projet" méditerranéen susceptible d'offrir aux
peuples de la région une autre façon de vivre, précisément en sécurité. Cela
exige une transformation mutuelle de l'échange économique et culturel, cela
exige, in fine, une reconnaissance de l'autre comme partenaire.
Mais, une question surdétermine toutes les autres et elle n'est pas résolue :
pour combien de temps encore les Etats-Unis continueront-ils à être la clé de
la sécurité en Europe et en Méditerranée ?


Bernard Ravenel



Notes :
1 El Pais, 3 mai 1991.
2 Actes de la table ronde de Bandol : "La Méditerranée occidentale, un
espace à partager" organisée le 8 et 9 février 1991 par la Fondation
méditerranéenne d'études stratégiques, p.130.
3 L'équilibre bipolaire en Méditerranée n'a été qu'apparent. Les Etats-Unis ont
disposé d'une incontestable et écrasante supériorité, surtout si on ajoute le
réseau d'environ 200 bases et les "facilités" diverses dont ils
disposent dans les pays riverains. La position de l'URSS - qui, après le départ
de l'Albanie, n'a plus aucun allié direct sur les rives de la Méditerranée - a
toujours été secondaire, subalterne. Elle avait comme objectif principal de
diminuer la menace que faisait peser sur sa sécurité territoriale, la présence
de la VIème flotte dotée d'un très important arsenal nucléaire. En outre, les
Etats-Unis avaient réussi à transformer certains de leurs alliés régionaux en
Etats-gendarmes ou sentinelles. Ce fut surtout le cas de la Turquie, d'Israël
et de l'ran.
4 Déclaration de Londres, Otan (point 4) 6 juillet, 1990.
5 Intervention au colloque "Dialogue méditerranéen des citoyens",
organisé à Grenade (Espagne) le 25 avril 1991.
6 Les Echos, 5 juillet 1991
7 Sur ce thème, lire Cultures et Conflits, N°2, printemps 1991, Ed.
L'Harmattan, consacré à "La menace du Sud : images et réalités".8 Le
Monde,
20 septembre 1991.
9 Tel l'ouvrage . Menaces en Méditerranée, de C. Nigoul et
M. Torrelli, publié par la FEDN, 1987.
10 Sur ce thème, je me permets de reporter le lecteur intéressé à la série de
deux articles que j'ai rédigés pour la revue Dwnoclès, N°45 octobre et
N°46 novembre 1990.
11 Intervention de Michel Vauzelle, Forum de l'Ecole militaire, 30 octobre
1991.
12 Les avions de combat en Algérie et en Libye achetés à l'URSS et à la France
datent d'au moins vingt ans...
13 Francisco Fernandez Ordofiez (ministre espagnol des Affaires étrangères) :
"Quelle structure pour la Méditerranée ?", Revue de l'Olan,
octobre 1990.


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جديد رد: Confluences Méditerranée

مُساهمة من طرف chouaibdraoui الثلاثاء 8 مارس 2011 - 16:38

je compri pas b1 mai b chance

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جديد رد: Confluences Méditerranée

مُساهمة من طرف gtu الأربعاء 6 نوفمبر 2019 - 18:18

جزاكم الله خيرا

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